La première fois où j’ai pèleriné avec les mères de familles
de Grenoble vers Cotignac était la première fois où j’avais à marcher une vraie
distance dans le cadre d’un pèlerinage : le temps d’avoir quelques
ampoules et quelques courbatures, d’endurer la soif, le soleil et les
intempéries. Ainsi comme je l’avais entendu dire, j’apprenais à prier avec mes
jambes et avec mes pieds. La tête ni le cœur ne réfléchissaient plus.
Finalement tout mon corps se laissait prendre par le rythme de la marche, la
fatigue qu’elle pouvait entraîner, la
détente qu’elle pouvait apporter. L’attraction du Seigneur s’exerçait ainsi sur
moi, me faisant abandonner les préoccupations du quotidien de la vie de notre
prieuré. Libérée de la fatigue « nerveuse » que peut occasionner la
vie en ville, je recouvrais la
simplicité d’un cœur tranquille « comme un enfant reposant sur le sein de
sa mère » (Ps 130).
Dépouillées d’un peu de nous-mêmes et renouvelées par le
Seigneur, nous pouvions entrer dans une nouvelle manière de supplier le
Seigneur pour les diverses personnes qui nous avaient confié des intentions de
prière : dans l’offrande au Seigneur de la soif, de la douleur physique ou
des contrariétés dues au climat ou aux erreurs de topo. La foi, la charité, l’espérance
en étaient renouvelées ; le Seigneur œuvrait. Son alchimie divine
réalisait la transmutation, transformation de certains maux en bien pour
d’autres…
Le cadre spirituel de la marche, rythmé par la prière
vocale, les enseignements, la méditation silencieuse… nous invitait constamment
à nous rappeler de vivre en présence du Seigneur, à lui offrir les découvertes
naturelles et surnaturelles.C’était aussi bien sûr un temps pour découvrir la nature qui se
révélait à nos sens émerveillés et
entrer dans une nouvelle louange et adoration du Créateur de tout bien.
La demande de grâce faite dans un pélé est partagée avec
d’autres. La communion des saints est un puissant levier tout à fait en acte à
ce moment-là et après le pélé. En effet on continue de porter ces intentions
ensuite dans notre prière, sans bien savoir quelle efficacité a la prière.
Parfois on reçoit des nouvelles de l’une ou l’autre mais le plus souvent, c’est
le silence, l’espérance, l’abandon confiant.
Un fioretti pour finir :
Avant que je parte à ce pélé , une de mes sœurs de sang faisant le pélé par ailleurs, me confie une
de ses amies, maman de plusieurs enfants qui avait un cancer foudroyant, étant
enceinte. L’année suivante, un petit mot
me parvient dans lequel cette maman ne me donne que des bonnes nouvelles :
quelle joie ! Et lors de la
fête organisée pour les 25 ans de mariage de ma sœur il y a peu, j’ai pu faire
connaissance avec cette maman. La joie réciproque de cette
bonne surprise du bon Dieu coule encore dans nos veines !!!